Le taux de cancer est en augmentation constante en Afrique subsaharienne et représente un enjeu de santé publique majeur. L’absence de dépistage et des moyens thérapeutiques insuffisants sont à l’origine d’une espérance de vie effondrée par rapport aux pays développés. Les femmes sont particulièrement touchées avec une flambée des cancers du sein. La chirurgie est souvent le seul traitement disponible pour ces patientes. Les traitements complémentaires par radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie sont non disponibles ou trop onéreux. L’amélioration des chances de guérison passe donc par le diagnostic à un stade précoce où la chirurgie a le poids le plus important dans la guérison et où les autres traitements n’ont qu’un impact modeste.
L’association les Chemins de la Santé à Conakry agit depuis plusieurs années pour aider les hôpitaux de Conakry. Elle regroupe des soignants de la région Rhône Alpes et s’appuie sur une cellule guinéenne constituée de médecins et cadres. Elle est particulièrement sensibilisée aux conditions de vie des femmes et à l’enjeu du cancer du sein. Elle propose de faire du dépistage du cancer du sein un projet de santé publique susceptible d’améliorer l’espérance de vie des femmes guinéennes atteintes de ce cancer. Elle est soutenue pour cela par le ministère de la santé, le ministère de l’action sociale de la promotion de la femme et de l’enfance, l’ambassade de France et différents acteurs locaux.
Le projet se décline en deux temps :
-Tout d’abord l’ouverture d’un centre pilote de dépistage du cancer du sein à Conakry dans les locaux de l'Université Gamal Abdel Nasser. Il s’agit d’une structure de soins au plus près de la population. Un mammographe et un échographe seront installés dans le respect des normes en vigueur en France (radioprotection des personnels et patientes, maintenance…). Afin d’assurer un fonctionnement optimal du centre, des radiologues guinéens seront formés au CHU de Lyon puis accompagnés sur place à l’ouverture du centre. Ils bénéficieront ensuite d’un soutien régulier avec notamment la possibilité d’une interprétation depuis Lyon des cas complexes. L’association guinéenne de lutte contre le cancer en partenariat avec les ministères suscités, assurera des campagnes de dépistage au sein de la population mais aussi dans les entreprises. L’objectif est de pouvoir dépister 2000 femmes par an. Le résultat attendu est le diagnostic précoce des cancers du sein à un stade où les chances de guérison dépassent 90%. Des indicateurs de suivi permettront d’évaluer l’impact réel. Un modèle économique a été élaboré pour que le centre dispose d'une autonomie de fonctionnement, garantie de la pérennité du projet. Il s'agit donc d'un centre pilote dont le modèle, une fois optimisé et validé, pourra être reproduit dans différentes villes et pays de cette région de l'Afrique.
- Dans un second temps, un centre de dépistage du cancer du sein sera déployé dans d'autres régions de Guinée Conakry où le modèle du centre pilote pourra être reproduit. Ces centres s’appuieront sur l’expertise du centre référent de Conakry. Un camion équipé d’un mammographe sera envisagé, pour sillonner les régions les plus éloignées ou n’offrant pas les conditions humaines et matérielles nécessaires pour l’ouverture d’un centre de dépistage. La lecture des mammographies pourra alors être centralisée sur Conakry. On peut estimer que ce projet global permettrait de sauver au moins 250 à 300 vies par an. Afin d’optimiser l’impact en termes de survie des centres de dépistage, une formation et un accompagnement des chirurgiens seront mis en place ainsi qu’un enseignement de la cancérologie gynécologique et mammaire.
En somme, le dépistage du cancer du sein est le moyen le plus efficace d’améliorer la survie des patientes atteintes de cette pathologie dans un pays où l’accès aux thérapies coûteuses est difficilement possible. Ce projet a été conçu pour être pérenne dans le temps, avec un accompagnement et une évaluation de son efficacité. Il peut compter sur un soutien inconditionnel des acteurs locaux de la santé. A terme, plusieurs centaines de femmes guinéennes pourront être sauvées chaque année.